Au cœur de la campagne cambodgienne, le long du grand lac Tonlé Sap, du Mékong et d’innombrables rizières, la pêche à l’épervier reste l’une des techniques ancestrales utilisées par les communautés locales pour attraper du poisson. Cette méthode simple mais habile, pratiquée depuis des générations, reflète le lien profond du Cambodge avec ses cours d’eau naturels, et aussi son héritage culturel ancré dans le respect de la nature.
L’épervier est un filet circulaire sur lequel sont fixés de petits plombs. Lorsqu’il est jeté à l’eau, le filet se déploie tel un parachute et coule rapidement sous l’effet des poids, piégeant les poissons en dessous. Le pêcheur tire ensuite sur une corde attachée au centre, ce qui provoque l’affaissement du filet et la capture des poissons.
Cette méthode est couramment pratiquée par les villageois, notamment pendant la saison des pluies, lorsque les poissons sont abondants et que le niveau de l’eau monte. D’un mouvement de bras bien rodé, ils lancent le filet en décrivant un cercle parfait, une technique qui demande des années d’apprentissage.
Dans de nombreuses communautés rurales, la pêche au filet est plus qu’un moyen de nourrir une famille : c’est une activité communautaire et un mode de vie. Les pères enseignent les techniques à leurs fils, tandis que la famille participe souvent à la collecte et au tri des prises. Les premières heures du matin et les fins d’après-midi sont les moments les plus actifs, car la température est plus fraîche et les poissons sont plus susceptibles de se trouver près de la surface.
Ce qui rend cette pratique remarquable, c’est sa durabilité. Contrairement aux méthodes de pêche commerciale qui peuvent nuire à l’environnement et épuiser les stocks de poissons, la pêche traditionnelle au filet est sélective et douce. Elle permet aux populations locales de récolter juste assez de poissons pour la consommation quotidienne ou pour la vente à petite échelle sur les marchés locaux, garantissant ainsi l’équilibre de l’écosystème.