Les vers à soie jouent un rôle important depuis des siècles dans la culture et l’économie cambodgiennes. Au Cambodge, la tradition de l’élevage et du tissage de la soie est depuis longtemps liée au patrimoine, à l’art et aux moyens de subsistance ruraux.
Les vers à soie (en réalité les larves) se nourrissent principalement de feuilles de mûrier, nutriments nécessaires à la filature de leurs cocons. Après environ un mois d’alimentation, chaque ver à soie commence à produire un fin filament de soie à partir de ses glandes. Ce fil s’enroule autour de son corps en milliers de minuscules boucles, formant un cocon protecteur. À l’intérieur, le ver se prépare à se transformer en papillon. Dans la production traditionnelle de soie, de nombreux cocons sont soigneusement collectés avant l’émergence du papillon, afin de préserver les longues fibres de soie intactes.
Le Cambodge possède une longue tradition de tissage de la soie, remontant à plus de mille ans. D’anciens bas-reliefs à Angkor Vat et dans d’autres temples représentant des personnages vêtus de soie, témoignent de la valeur de ce tissu, même sous l’Empire khmer. L’élevage de vers à soie était pratiqué dans les campagnes, notamment le long du Mékong et dans les provinces de Takeo, Kampong Thom et Prey Veng.
La soie produite à partir des vers à soie cambodgiens est généralement d’un jaune doré, unique par rapport à la soie blanche d’autres pays. Cette couleur naturelle, associée aux teintures traditionnelles à base de plantes, de racines et d’écorces, crée les textiles éclatants qui font la renommée des tisserands cambodgiens.
Transformer des cocons en tissu est un processus délicat et habile. Les cocons sont d’abord bouillis pour ramollir la gomme naturelle (séricine) qui maintient les fibres ensemble. Les longs fils de soie sont ensuite soigneusement déroulés, filés et enroulés en écheveaux. Les artisans locaux utilisent des métiers traditionnels en bois pour tisser les fils et créer des motifs, créant souvent des ikats, connus localement sous le nom de hol, où les fils sont teints avant le tissage. Ces motifs, profondément ancrés dans l’identité cambodgienne, sont utilisés pour les foulards, les jupes sampot et les vêtements de cérémonie.
Dans les villages, les femmes tissent souvent la soie pour compléter leurs revenus. Cet artisanat se transmet de génération en génération, incluant histoires, traditions et techniques qui font partie du patrimoine culturel immatériel du Cambodge.
Les vers à soie ne sont pas seulement élevés pour leur précieuse soie, mais aussi consommés comme aliment. Comme dans de nombreuses régions d’Asie, les Cambodgiens intègrent depuis longtemps les insectes à leur alimentation, et les chrysalides de vers à soie comptent parmi les plus populaires. Appréciées pour leur goût, leur valeur nutritive et leur importance culturelle, elles constituent un élément unique de la cuisine cambodgienne.
Sur les marchés cambodgiens, notamment à Phnom Penh, Siem Reap et dans les villes de province, les chrysalides de vers à soie sont couramment vendues comme nourriture de rue frits dans de l’huile avec de l’ail, du piment, du sel et parfois de la citronnelle. Cela leur donne une texture croustillante à l’extérieur tout en restant moelleuses à l’intérieur.